Dans son dernier article sur le blog Mélanie vous annonçait "le début de la fin"avec la mise en place de l'exposition photographique à Gaziantep et de l'exposition itinérante à venir. Aujourd'hui à Zagreb, première destination d'accueil de nos photos, il est temps de revenir sur ces derniers jours passés à Gaziantep mais aussi de dresser un "bilan", non pas de la situation économique de la France après un an de présidence, mais de ce fantastique mois écoulé en Turquie. Quelle trace le projet laissera-t-il sur les participants et sur nous-mêmes ? Difficile de répondre à cette question. Toutefois, sans ni se jeter des fleurs ni s'autoflageller, il apparaît essentiel de s'interroger sur la portée qu'a eu, à une modeste échelle, notre action. Retour, forcément en images, sur ces dernières semaines en Anatolie.


photo : Pierre Pionnier


Reprenons, si vous le voulez bien cher lecteur, le fil du projet au début de notre deuxième semaine à Gaziantep, date du dernier article consacré directement à nos activités, qui s'intitulait "Une semaine à Gaziantep" et que je vous invite à lire et relire jusqu'à l'overdose (forcément c'est moi qui l'ai écrit). Nous entamions alors une nouvelle semaine d'activités autour des thèmes universels que sont : la Jeunesse, la Liberté et la Tolérance. Vous avez peut-être lu, dû moins je l'espère, les articles de Süleyman et de nos partenaires macédoniens qui constituent des témoignages importants de leur implication dans le projet ainsi que des différents débats qui ont précédé les activités et que vous retrouverez dans les photos de l'exposition.


photo : Pierre Pionnier


Les photos que les passants de la rue Bey Mahallesi ont déjà pu admirer, que vous pouvez d'ores et déjà voir dans le bar "Peron 8" à Zagreb (exposition les 20 et 21 juillet) et que vous pourrez bientôt contempler à Milan (les 23 et 24 juillet) et bien sûr à Lyon (à partir du 2 août sur la rive gauche du pont de la Guillotière), sont en effet la représentation par l'image de ce que ces jeunes turcs, syriens et d'autres nationalités européennes avaient à coeur de vous montrez. Ainsi que ce dont on a nous-mêmes été témoins. Elles ont été choisies collectivement parmi un large panel pendant plusieurs activités "préparation à l'exposition" qui eurent lieu de manière sporadique lors de nos deux dernières semaines à Gaziantep, alors même que les activités photos se poursuivaient jusqu'au dernier jour précédant le début du Ramadan, celui-ci, conjugué aux conditions météorologiques oppressantes, constituant un frein inévitable à la pratique d'activités durant la journée.

Vint enfin le moment de l'exposition photo les 12 et 13 juillet et la joie de tous les participants et surtout de nous-mêmes de voir non seulement nos photos mais surtout les leurs exposées sur les murs de l'une des plus vieille rue de Gaziantep. Et tandis que certains passants nous demandaient s'ils pouvaient acheter certaines photos, il était à la fois touchant et amusant de voir tous les participants au projet prendre le temps de se remémorer les moments passés ensemble lors des activités en regardant ces photos sur quelques unes desquelles ils apparaissent.


photo : Pierre Pionnier


Un mois d'activités, 32 photos, 2 jours d'exposition à Gaziantep. Ce fut court. Trop court ? Pour aller au plus profond des choses : certainement. Pour prendre le temps de mieux se connaître tous, également. Toutefois ce projet, aussi rapide fut-il, à selon moi permis d'ouvrir les esprits, voire les consciences, de tous les participants (nous y compris) sur les autres cultures. Malgré des tensions qui pouvaient exister, et qui existent encore, des jeunes turcs et syriens ont participé ensemble aux activités et se côtoient aujourd'hui au sein d'une même exposition photo. La lutte contre les préjugés constituant un des moteurs de notre action je ne peux que me déclarer satisfait et surtout fier du résultat final. J'entend encore Ali, le "Big Boss" de GEGED, nous dire lors de notre soirée d'adieu à quel point il nous est reconnaissant d'avoir fait se rencontrer des syriens, des turcs, des kurdes et à quel point il ambitionne d'établir des partenariats avec eux sur une plus longue durée.




Ce projet a également constitué pour certains participants (dont moi-même) une première expérience de volontariat et en a j'en suis certain encouragé certains à poursuivre dans cette voie (je pense notamment à Süleyman, Veysel ou encore Filiz). Il aura de plus permit de "casser des barrières", comprendre par-là il aura permit à certains, sinon de s'en libérer, dû moins de s'interroger sur le carcan, que constitue encore dans de nombreux aspects de la société, la tradition. Et ce, même si l'amour porté au père Mustafa Kemal ("Ataturk" signifie "père des turcs) demeure plus que vivace, y compris chez les jeunes pour lesquels il est une véritable icône. 
Enfin (et vous allez me dire que j'enfonce des portes ouvertes) ce projet aura laissé des tas de photos. Des belles, des moches, des drôles, des touchantes, des bizarres,... Autant de photos qui constituent non seulement le portrait d'UNE jeunesse à Gaziantep mais également la preuve que pendant un mois des jeunes de diverses nationalités ont travaillé main dans la main à la réalisation d'une exposition qui leur ressemble. 

Lorsqu'a eu lieu notre soirée d'adieux, c'est le coeur serré que j'ai quitté tous ces gens : Mehmet, Mustafa et Mehmet les deux jumeaux, Mohamed, Ali, Apo et plus généralement l'ensemble des jeunes du Youth Center, nos partenaires de GEGED : Ali, Ayhan, Sevim, Süleyman, Veysel, Mehmet, Ümit, Kadir, Murat, nos colocataires et partenaires Macédoniens : Aleksandra, Emilija, Elena, Dragana, Aleksandar ainsi que tous les volontaires présents à l'association et qui se sont impliqués à différents niveaux dans notre projet : Marie, Ellie, Misia, Silvia, Katarina, Amel, Céline, Sarah, Leyla (j'en oublie certainement) et puis tous les autres - de quelque nationalité qu'ils soient - qui nous aidés et qui étaient présents pour cette dernière soirée : Filiz, Ergün, Mesut, Molham, Redi,... sans parler de ceux qui n'étaient pas là mais dont l'aide tout au long du projet fut plus que précieuse. Enfin c'est avec une émotion toute particulière que j'ai quitté Amir, Roger et Sarah, trois amis syriens avec lesquels nous avons partagés plein de choses et qui vont particulièrement me manquer. 


photo : Valentin Dusseau


Toutefois le projet est loin d'être terminé et après 3 jours à Istanbul et 2 jours de train parsemés d'escales à Sofia, Belgrade et maintenant Zagreb, où nous allons exposer nos photos, j'ai plus que jamais à coeur de partager avec vous ces émotions, ces moments, passés là-bas et surtout de vous présenter, au travers de l'exposition photo, cette jeunesse à la vitalité incroyable avec laquelle j'ai eu un immense plaisir à mener ce projet. 
"Le progrès naît de la diversité des cultures et de l'affirmation des personnalités" disait Pierre Joliot-Curie, comment lui donner tort. 




De Zagreb,
Valentin pour YTL. 
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