Voilà maintenant trois jours que nous sommes
arrivés à Gaziantep et cela nous a paru être une éternité, non pas du fait d'un
hypothétique ennui profond qui nous aurait atteint mais bien au contraire du
fait de la quantité de choses qu'il a fallu accomplir en peu de temps et
surtout du fait de l'impressionnante activité qui règne au siège de GEGED,
l'association qui nous accueille. Celui-ci grouille de volontaires de
différentes nationalités et si on reste assis ne serait-ce qu'une dizaine de
minute sur la terrasse, on peut voir entrer et sortir sous un soleil de plomb :
des Turcs, des Macédoniens, des Néerlandais, des Allemands, des Italiens, des
Espagnols, des Bulgares, des Tunisiens, des Azéris, qui par leurs allées et
venues donnent à cette gigantesque maison des allures de fourmilière, à l'image
d'une ville où tous se mélangent. Ils vaquent avec enthousiasme aux divers
missions qui leurs ont été attribué. C'est sans doute cela qui m'a frappé en
premier lieu. L'ambiance qui règne au siège de l'association est réellement
fantastique et il n'est pas rare de voir certains volontaires apprendre à
d'autres un jeu de cartes de leur pays d'origine. Paul et moi-même nous sommes
essayé à l'exercice et samedi la fin d'après-midi fut marquée par une partie
endiablée de « kilos de merde » à sept, avec entre autre Mehmet,
Kadir, Süleyman..., et bien que les règles, au grand désespoir d'un Paulo lésé,
ne fussent pas toujours respectées à la lettre, nous avons passé une bonne
heure à pratiquer un jeu de haut vol dans une ambiance formidable. A cela il
faut ajouter les nombreux échanges moins formels encore qu’une partie de
cartes, comme le simple fait de discuter et d’essayer, au moins l’espace d’une
seconde, de retenir quelques mots dans la langue de l’autre.
Un autre événement marquant de ces premiers jours fut pour moi le rendez-vous que nous avons eu avec Adnan et un de ses amis également professeur, tous deux syriens ayant fuit les conflits, dans le principal parc de la ville, tant par la personnalité de chacun des deux hommes que par l'envie que notre projet a pu suscité chez eux. Voilà pour l’ambiance à GEGED, passons à présent à l’atmosphère de la ville.
A peine avions nous mis
pour la première fois le pied sur la terrasse de notre appartement que le
muezzin lançait son premier appel à la prière de la journée, sa voix résonnant
avec force dans le silence « de cathédrale » de la nuit. Il était
alors 4h du matin et nous étions enfin à Gaziantep. Après
une courte nuit due à notre arrivée tardive à l'aéroport de Gaziantep, où nous
attendait un véritable comité d'accueil composé de Ali, le « Big
Boss » de GEGED, et de certains autres membres (Murat, Ümit, Mehmet,
Celim), nous avons pu grâce à nos guides turcs visiter le Bazar, un large
tunnel au sein duquel des hommes gravent des plaques de fer aux couleurs de
leurs clubs de football favoris (Galatasaray, Besiktas) avec des marteaux et
des burins tandis que sur d'autres étalages des piments, des poivrons et des
tomates séchées s'agglutinent dans un superbe enchevêtrement de couleurs. Et
tandis que nous revenons vers le siège de l'association nous apercevons la
statue du héros national : Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République
de Turquie. C'est ce même Atatürk que nous avons de nouveau l’occasion de voir
le lendemain soir sur certains drapeaux des quelques centaines de manifestants
venus protester dans les rues contre la politique du gouvernement Erdogan et pour
apporter leur soutien aux manifestants de Taksim. C’est à notre retour du
« city tour » que nous avons pu vraiment apprendre à mieux connaître
nos 5 colocataires macédoniens et partenaires à plein temps du projet :
Elena, Dragana, Aleksandra, Emilia et Aleksandar.
La mise en place progressive du projet
Après deux premiers jours
d’adaptation le projet Youth Through the Lens est entré dans une importante
phase d’accélération ce lundi 17 juin après-midi suite à la réunion de
présentation du projet menée de mains de maître par Georgia et Mélanie devant
une assemblée de plus d’une vingtaine de personnes dont Ali, Sabine, des
membres de GEGED, des étudiants syriens et de nombreux volontaires. L’objectif
de cette réunion était de définir clairement le rôle de chacun, le planning des
activités (activités photographiques, débats, ateliers interculturels,
activités sportives et jeux coopératifs, atelier communication) et d’apprendre
à mieux se connaître au travers de petits jeux. A l’instar du portrait que j’ai
pu dresser jusqu’à présent de mon ressenti, cette réunion se passa à merveille et ce matin, au kirkayak
parki, nous étions près d’une trentaine à participer à la première activité
photo de la semaine, une activité qui fut riche en émotions, en rires et qui
mêla photographies décalées, poses insolites et télévision locale. Mais ça
c’est une autre histoire…
Valentin pour YTL